Les énergies renouvelables : une alternative sérieuse pour l'indépendance de l'UE dans un contexte géopolitique incertain

Depuis le début de l’ère industrielle, les énergies fossiles ont été le moteur du développement économique, créant une forte dépendance dont nos sociétés modernes ont beaucoup de mal à se défaire. Les combustibles fossiles représentaient encore 82% de la consommation énergétique mondiale en 20211. La même année, la Russie comptait pour 40% de la consommation de gaz naturel de l’Union européenne et pour 25% des importations de pétrole de tous les états membres. 

L’accès aux énergies fossiles a bien entendu façonné les politiques étrangères des principales puissances et demeure au cœur d’un jeu d’alliances et de conflits très complexes.

Pour exemple, l’accord liant les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, qui possède les réserves les plus importantes d’hydrocarbures au monde, a été signé par Roosevelt en 1945 et reste toujours effectif à ce jour, malgré des disparités politiques et culturelles évidentes.  

Les énergies renouvelables ont donc rapidement été envisagées pour réduire cette dépendance aux pays producteurs, d’autant plus quand les premières études ont démontré les limites des stocks disponibles des énergies fossiles et leurs conséquences désastreuses sur nos écosystèmes.

L’éolien, le solaire, l’hydraulique, le biométhane ou encore l’hydrogène vert ont tiré leur épingle du jeu et se sont progressivement imposés comme de réelles alternatives durables.  

Mais cette dépendance subsiste et même si la pandémie de la Covid-19 et le conflit russo-ukrainien semblent avoir accéléré les stratégies afin de trouver des alternatives pérennes au gaz, au pétrole et à l’uranium russe, les énergies renouvelables créent de nouveaux enjeux géopolitiques, notamment dans la fabrication des composants essentiels à leur conception.   

  1. Quelle dépendance de l’Europe aux énergies importées ? 
  2. La Covid-19 et la guerre en Ukraine comme évènements majeurs dans la nécessité de diversifier les sources d’approvisionnement 
  3. Les énergies renouvelables créent-elles de nouvelles formes de dépendance pour l’UE ?  
  4. Soutenir le développement des énergies renouvelables grâce au financement participatif 


Quelle dépendance de l’Europe aux énergies importées ? 

Selon les données Eurostat2, en 2021, l’Union européenne dépendait à 55,5 % des importations d’énergies, le reste étant produit sur les territoires des pays de l’UE :   

Allemagne 63,5 % 
Autriche 52,0 % 
Belgique 70,8 % 
Bulgarie 36,1 % 
Chypre 89,5 % 
Croatie 54,5 % 
Danemark 32,6 % 
Espagne 69,1 % 
Estonie 1,4 % 
Finlande 38,0 % 
France 44,2 % 
Grèce 73,8 % 
Hongrie 54,1 % 
Irlande 77,0 % 
Italie 73,5 % 
Lettonie 38,3 % 
Lituanie 73,3 % 
Luxembourg 92,5 % 
Malte 97,1 % 
Pays-Bas 58,4 % 
Pologne 40,4% 
Portugal 67,0 % 
République tchèque 40,0 % 
Roumanie 31,6 % 
Slovaquie 52,6 % 
Slovénie 48,6 % 
Suède 21,2 % 
MOYENNE UE 55,5% 

  

Toujours selon la même étude, en 2020, l’UE dépendait de la Russie pour 24.4% de ses approvisionnements énergétiques totaux (fournisseur majoritaire), à 41,1 % du gaz, 25,7 % du pétrole et 52,7 % des combustibles solides importés étaient russes.  En France, la part d’approvisionnement en énergies fossiles provenant du Kremlin était de l’ordre de 20%, celle du pétrole de 10% et celle du diesel de 30% avant le conflit avec l’Ukraine. Au total, selon l’Agence Internationale de l’Energie, la France importe 98% de son pétrole brut et 99% de son gaz naturel3. 

La Norvège est le second pays dont l’UE dépend le plus, puisqu’il est le seul pays européen produisant plus d’énergie qu’il n’en consomme avec une dépendance énergétique estimée à -616,6%. Le plus septentrional des pays du continent européen a exporté 98% de sa production de gaz en 2020, produit 2,3% du pétrole mondial et dispose d’un mix électrique provenant à 92% de l’hydraulique.  

Bien que la part des importations du gaz de l’UE en provenance de la Norvège ait légèrement diminué entre 2010 et 2020, la part du pétrole importé, lui, a eu tendance à augmenter en passant de 7,7% en 2010 à 8,7% en 2020 4.  
La concentration des partenariats énergétiques européens, en particulier le gaz, a augmenté la vulnérabilité à une interruption de l’approvisionnement énergétique. Cette vulnérabilité a été mise en évidence après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, lorsque la Russie a restreint ses livraisons de gaz.

Pour améliorer l’indépendance énergétique de l’UE, la Commission européenne a lancé une feuille de route nommée REPowerUE5 le 18 mai 2022. Elle a pour but principal de diversifier les sources d’approvisionnement, de réduire les consommations et de promouvoir le développement des énergies renouvelables.  

 


La Covid-19 et la guerre en Ukraine comme évènements majeurs dans la nécessité de diversifier les sources d’approvisionnement 



L’embargo du 31 mai 2022 décidé par l’UE s’est donc traduit par une inflation globale sur les produits de consommation. Tout comme ses voisins, la France a pu expérimenter sa vulnérabilité et sa dépendance particulièrement sur les produits raffinés suite à la fermeture de plusieurs raffineries au sein de l’hexagone ces dix dernières années.

La pandémie aura également mis en évidence les risques associés à une dépendance excessive à un petit nombre de sources d’approvisionnement.  La transition énergétique vers des énergies renouvelables semble donc inévitable pour gagner en dépendance et atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés par l’Accord de Paris sur le climat.

Outre la question de l’approvisionnement énergétique, le coût de l’énergie est devenu un enjeu crucial pour l’économie et le pouvoir d’achat des consommateurs. La hausse brutale des prix a entraîné des répercussions importantes aussi bien sur les ménages que sur la compétitivité des entreprises au sein de l’UE.  

« Outre les actions prises rapidement pour faire face à la crise au niveau français et européen (boucliers tarifaires, diversification des approvisionnements, mesures rapides de réduction des consommations d'énergie), qui devront encore être amplifiées en vue des prochains hivers, cette crise rappelle que le défi de la politique énergétique française dans les années à venir est d'une ampleur inédite : conduire la transition énergétique, tout en assurant la sécurité des approvisionnements et le maintien d'un prix raisonnable. » 6

 

  Les énergies renouvelables créent-elles de nouvelles formes de dépendance auprès d’autres pays hors UE ?  




Mais la transition vers une économie bas carbone a des implications géopolitiques importantes en France et dans l’union européenne. Les problèmes liés à la sécurité des approvisionnements en combustibles fossiles s’ajoutent à de nouveaux défis liés aux métaux stratégiques, aux technologies et à l’innovation, ainsi qu’aux impacts environnementaux de ces technologies sur des ressources déjà en tension, comme l’eau ou certaines terres rares.  


Les métaux stratégiques, tels que le cobalt (60% des réserves mondiales sur le territoire congolais), le cuivre (Chili, 1er producteur mondial), le nickel (Russie, 1er producteur mondial), le lithium (Australie, 1er producteur mondial, Chili, 2nd producteur mondial), le platine (Afrique du Sud, 1er producteur mondial) et les terres rares (Chine, 80% de la production mondiale)7 sont au cœur de la géopolitique internationale de l’énergie. Ces métaux sont utilisés pour fabriquer des technologies bas carbone, telles que les batteries des véhicules électriques.  

 

Le dernier rapport de la commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France du 30 mars 2023 stipule par ailleurs que l’idée d’indépendance énergétique dans un monde globalisé et fortement industrialisé est totalement illusoire : 

« L’indépendance énergétique a été définie comme la capacité d’assurer de manière autonome l’approvisionnement et la production d’énergie dont les citoyens ont besoin selon M. Daniel Verwaerde, administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de 2015 à 2018, ou encore comme la « capacité d’un pays à satisfaire de manière autonome des besoins énergétiques, donc à maximiser la production locale d’énergie nécessaire à la population et aux activités industrielles », selon Pascal Colombani qui occupait la même fonction quinze ans auparavant.

En dépit de ces nuances, un consensus a rapidement émergé parmi les différents acteurs et analystes de la politique énergétique française sur le fait qu’historiquement, la France n’a jamais été totalement indépendante sur le plan énergétique.

C’est une idée que M. Jean-Marc Jancovici, professeur à Mines Paris, a avancée en préambule de son audition : schématiquement, « la France n’a jamais été indépendante énergétiquement depuis qu’elle a quitté l’ère des énergies renouvelables. Nous étions indépendants énergétiquement à l’époque où nous utilisions exclusivement les pierres et le bois du sol français pour construire des moulins à vent et à eau ainsi que le bois et l’herbe française pour faire avancer des animaux de trait »8.

Atteindre cet objectif d’indépendance énergétique semble encore plus difficile à réaliser au vu de la situation actuelle de l’UE qui ne dispose pas de toutes les matières premières, des brevets et des composants nécessaires pour construire les installations de production, maîtriser pleinement la technologie et la chaîne industrielle. 

 

Dans un monde globalisé, où chacun dépend de plusieurs chaînes de valeur, la souveraineté tient moins à l’autonomie pure qu’à la résilience, définie comme la capacité à résister aux chocs d’ordre interne, tels qu’une indisponibilité du parc nucléaire, et aux chocs d’ordre externe, tels qu’une guerre rendant difficile l’approvisionnement en énergie.  Xavier Jaravel, Professeur d'économie à la London School of Economics and Political Science 

 

Nombre de brevets sur les énergies renouvelables déposés entre 2010 et 2019

 

Si la forte capacité de production d’électricité décarbonée française contribue à une relative souveraineté énergétique nationale, cette dernière dépend fortement du nucléaire. D’après les données publiées par RTE, 91,4% de la production d’électricité française était décarbonée en 2021 car issue de sources renouvelables ou du nucléaire9. Or, en France, depuis le début des années 2000, l’uranium utilisé pour les centrales nucléaires est entièrement importé. Pour faire fonctionner les 56 réacteurs nucléaires des 18 centrales, 7800 tonnes d’uranium naturel sont nécessaires en moyenne chaque année. En 2020 ; 34,7% provenait du Niger, 28,9% du Kazakhstan, 26,4% d’Ouzbékistan et 9,9% d’Australie10. 

Pour alimenter des réacteurs comme les Réacteurs à Eau Pressurisée constituant le parc nucléaire français, il est indispensable de disposer d’uranium enrichi. Si une partie de cette opération se fait au sein de l’hexagone, en 2022, 67 % des importations d’uranium enrichi provenaient encore de la Russie11.

Mais la France semble toutefois avoir choisi le nucléaire comme source d’électricité décarbonée de transition, les stocks mondiaux d’uranium étant, de toutes façons, disponibles pour environ 150 ans, selon les différentes études, si la demande mondiale ne venait pas à augmenter. 

En comparaison, l’Allemagne a, quant à elle, décidé de fermer toutes ses centrales nucléaires. Afin d’atteindre un mix énergétique composé à 100% d’énergies renouvelables d’ici 2035, elle assure actuellement sa transition avec du charbon, des centrales à gaz et des EnR déjà en place sur son territoire. Un objectif ambitieux et probablement complexe à atteindre dans le temps imparti mais qui illustre bien les dissentions historiques et stratégiques au sein même de l’Union Européenne. 

Dans tous les cas, le constat semble plutôt évident ; une indépendance énergétique totale ne peut exister dans un contexte contemporain construit sur des jeux d’interdépendance économique toutefois, l’augmentation des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen semble être la voie la mieux indiquée et vient renforcer la souveraineté du vieux continent qui relocalise sa production électrique et ce de façon décarbonée.

 

Les scientifiques du GIEC le répètent dans leur dernier rapport ; il est impératif de réduire la demande d’énergie, mais aussi les consommations tout en développant massivement les énergies renouvelables. La sobriété énergétique est donc également essentielle afin de réduire notre dépendance et nos émissions carbone.  

Tout cela implique une redistribution des cartes géopolitiques et soulève de nouvelles questions sur la coopération internationale pour relever les défis du changement climatique. Les enjeux sont multiples, allant de la sécurité énergétique à la réduction des impacts environnementaux, en passant par la compétition économique et technologique.  

 

Soutenir le développement des énergies renouvelables grâce au financement participatif  

 

 

Avec Lumo, investir dans les énergies renouvelables permet de soutenir le développement d’une énergie propre et durable au sein du mix énergétique national et européen. Comme nous avons pu le voir ci-dessus, les EnR impliquent de nouvelles chaînes d’approvisionnement nécessaires à leur conception cependant, elles assurent une production électrique relocalisée sur le territoire et voit ses matériaux de mieux en mieux recyclés pour un potentiel réemploi. 

Les panneaux photovoltaïques, à titre d’exemple, sont aujourd’hui recyclables jusqu’à 95% avec une durée de vie moyenne de 40 ans. Les EnR participent donc à réduire la dépendance et à renforcer la souveraineté nationale.

De plus, un produit financier comme le financement participatif permet de flécher vos placements financiers uniquement vers le projet de votre choix ce qui, contrairement à certains produits comme l’Assurance Vie ou le Livret A, évite qu’une partie de votre épargne participe à financier certaines énergies fossiles. 

N’hésitez pas à nous contacter pour tout renseignement complémentaire : support@lumo-france.com  

 


Sources :1 https://www.connaissancedesenergies.org/bp-statistical-review-world-energy-2022-les-chiffres-cles-de-lenergie-dans-le-monde-2206292 https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/nrg_ind_id/default/table?lang=fr 3 https://www.ecologie.gouv.fr/ressources-en-hydrocarbures-france 4 https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:52000DC0769:FR:HTML 5 https://commission.europa.eu/strategy-and-policy/priorities-2019-2024/european-green-deal/repowereu-affordable-secure-and-sustainable-energy-europe_fr6 https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/288556-dependance-energetique-quelles-politiques-francaises-et-europeennes   7 https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2022/03/29/l-australie-un-nouveau-leader-mondial-sur-le-secteur-des-terres-rares8 https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/rapports/ceindener/l16b1028_rapport-enquete#_Toc256000053 9 https://assets.rte-france.com/prod/public/2023-02/Bilan-electrique-2022-synthese.pdf 10 https://www.liberation.fr/checknews/luranium-importe-en-europe-et-en-france-provient-il-tres-largement-de-russie-comme-laffirme-yannick-jadot-20220705_LIIEMU2QIRFKZMB46IPBWKFJZQ/ 11 https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2023/05/Greenpeace-Rapport-La-Russie-plaque-tournante-du-commerce-duranium-mars-2023-1-1.pdf

 

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