Energie : les questions que tout le monde se pose en 2025
Avec la généralisation des énergies renouvelables et l’évolution des usages, le paysage énergétique français connaît quelques bouleversements.
Surproduction ponctuelle d’électricité, mécanismes de fixation des prix, solidité financière des acteurs : les repères changent, et les questions se multiplient.
Cette FAQ vous propose un éclairage clair et synthétique sur les grands enjeux qui façonnent l’électricité de demain.
- Quels critères sont pris en compte selon que l'on soit sur du financement de projet ou du financement corporate ?
- Quelles sont les conséquences des décisions de l'administration Trump sur les énergies renouvelables pour les entreprises françaises ?
- Quid du black-out en Espagne ?
- Comment a réagi la France ?
- La France produit-elle trop d’électricité ?
- Comment sont déterminés les prix d’achat de l’électricité ?
- Quelle est la capacité des fournisseurs d’énergies renouvelables à rester compétitifs et solides financièrement dans un environnement susceptible d’être mis en tension dans les années à venir ?
du financement de projet ou du financement corporate ?
Financement de projet
Le financement de projet est un financement dont le remboursement sera assuré par les seuls flux de trésorerie provenant de l’exploitation de l’actif financé. Il est d’usage que ces financements sans recours soient sécurisés par des nantissements sur les actifs financés et sur actions de la société qui les détient.
Le développeur du projet doit donc disposer de compétences reconnues pour assurer la construction et l'exploitation de l’actif qui doit se situer dans un environnement politique et réglementaire stable afin d’assurer la pérennité de son exploitation sur une durée longue, qui permettra le remboursement progressif de la dette contractée.
C’est un financement sans recours, ce qui implique que les prêteurs ne pourront pas se retourner vers le développeur du projet en cas d’insuffisances de cash-flows d’exploitation.
Les principaux critères qui sont analysés dans ce cas, sont :
- La qualité, l’expérience du porteur de projet et de ses contractants, les contrats
qui les lient - Les caractéristiques techniques du projet, les assurances, les permis, les
autorisations administratives, etc. - La production attendue et ses conditions de vente qui déterminent les cash-flows générés par le projet
- La structure du financement et les ratios d’appréciation de la solidité financière
(gearing, dette/capex, couverture du service de la dette, free cash-flows
disponibles pour le financement participatif, etc.)
Financement corporate
Le financement corporate est un financement classique accordé à une entreprise pour financer l’ensemble de ses activités.
Ce sont les flux de trésorerie globaux de l’emprunteur qui sont ici garants du remboursement du financement. La solvabilité de l’entreprise dans son ensemble est donc déterminante pour disposer de ce financement.
Une entreprise qui a des fonds propres suffisants et un bon cash-flow peut s’endetter dans des montants qui dépendent de sa surface financière.
Les principaux critères d’analyse de la santé financière de l’entreprise dans ce cas, sont :
- La qualité du management de la société
- Le soutien de ses actionnaires
- La taille des installations d’EnR construites ou en construction, la part en
détention, la granularité du portefeuille - Les mécanismes de remontée des cash-flows
- Les indicateurs liés au chiffre d’affaires (part à l’étranger ou en innovation, carnet
de commandes fermes) - Les ratios financiers d’appréciation de la solidité financière (leverage, dette sur
valeur des actifs, gearing, ratio de liquidité, marges, etc.)
En financement corporate les prêteurs prennent un risque diversifié qui porte sur la totalité des activités etla stratégie de l’emprunteur. En financement de projet, les prêteurs prennent un risque sur un actifidentifié, avec des composantes de revenus et de charges encadrées, et dontles principaux aléas portent sur le développement, la construction et l’exploitation de l’actiffinancé.
Ces mesures ont des conséquences directes sur le marché américain et indirectes pour les entreprises françaises du secteur, à savoir :
- Une potentielle réduction des opportunités sur le marché américain : elles doivent donc adapter leur stratégie et se tourner vers d’autres marchés (Europe, Afrique, Moyen-Orient, Amérique latine, Asie du Sud-Est)
- Une potentielle dégradation du climat d’investissement mondial : la politique américaine influant les marchés financiers, cela peut engendrer une chute en bourse de certaines entreprises présentes sur le marché des EnR aux Etats-Unis
- Recentrage stratégique : en réduisant leur dépendance au marché américain, les acteurs pourraient choisir d’investir davantage en France et en Europe. L’Europe qui, par ailleurs, renforce ses objectifs climatiques et sa politique industrielle verte, peut représenter une zone offrant une meilleure visibilité à moyen terme
- Les panneaux solaires chinois pourraient trouver moins de débouchés aux Etats-Unis et pourraient se retrouver sur le marché européen en plus grande quantité. A noter qu’il existe déjà une surproduction importante au niveau mondial qui a déjà fait beaucoup baisser les prix des équipements depuis trois ans.
Les décisions américaines pourraient affaiblir à courtterme la dynamique des énergies renouvelables aux Etats-Unis mais renforcent corrélativement l’opportunité d’investissement en Europe, qui souhaite accélérer la trajectoire vers une autonomie énergétique verte.
A la suite du black-out majeur qu’a connue la péninsule ibérique le 28 avril 2025, des investigations sont en cours à l’échelle européenne afin de déterminer les causes et le déroulé précis des circonstances ayant conduit à un incident sans précédent.
Les textes européens fixent un délai de 6 mois pour les conclusions complètes.
Récemment le gouvernement espagnol a écarté la piste d’une cyber attaque.
Concernant les énergies renouvelables, au moment du black-out, la production d’électricité en Espagne provenait à environ 70 % de l’éolien et du solaire. Selon RTE rien n’indique qu’il s’agirait de la cause du black-out. Cet incident souligne l’importance des solutions de stockage pour piloter la demande et la nécessité de réaliser des investissements dans les batteries, le stockage ou encore les solutions hydrogène.
Pour aller plus loin sur le sujet : RTE a mis à disposition une FAQ
La France a très rapidement activé ses mécanismes de protection en déconnectant temporairement le réseau français, évitant ainsi une propagation de la panne.
Une fois la situation stabilisée, RTE a contribué à la restauration du réseau espagnol en fournissant de l’électricité via les interconnexions transfrontalières.
Après les craintes de pénurie en 2022, la France connaît en 2025 à une situation opposée : un excès d’électricité.
La consommation électrique des Français a baissé, résultat d’une prise de conscience collective, mais aussi de l’optimisation des équipements et des habitudes de consommation.
En parallèle, la production solaire et éolienne a été abondante, amplifiée par des conditions météorologiques favorables ce printemps et à laquelle vient s’ajouter une production nucléaire stable.
Résultat : la France a produit parfois plus d’électricité qu’elle n’en consomme.
Il faut savoir que le réseau électrique doit être constamment équilibré entre production et consommation.
En effet, en France, la demande varie fortement selon les heures et les saisons. Pour répondre à cette demande fluctuante, les capacités de production doivent être ajustées en conséquence.
Dans l’incapacité de stocker l’électricité en masse lorsque la France produit trop, elle peut exporter son excédent d’électricité vers les pays voisins. En revanche, si eux aussi produisent trop, les prix de l’électricité peuvent devenir négatifs.
La Commission de Régulation de l’Energie a donc mis en place de nouvelles règles pour limiter ces situations de prix négatifs :
- Flexibilisier la production de parcs éoliens en mer et terrestre c’est-à-dire mettre à l’arrêt temporaire les installations en cas de scenario de prix négatifs
- Réformer le dispositif heures creuses/heures pleines afin de mieux répartir les consommations (éviter les pics et valoriser les périodes de surproduction).
Par ailleurs, la surproduction d’électricité pose encore la question du stockage. Ces systèmes sont encore peu développés à ce jour.
Cette situation peut être vue comme une opportunité de revoir notre modèle en développant des solutions de stockage, en améliorant la flexibilité de la consommation et en renforçant la coordination entre production et demande.
Les prix d’achat de l’électricité sont le résultat des appels d’offres lancés et pilotés par la CRE (la Commission de Régulation de l’Energie).
Chaque porteur de projets doit soumettre chacun de ses projets lors de ces appels d’offres qui ont lieu plusieurs fois par an, pour des capacités (en MW) et des technologies de production appelées “pré définies”.
Dans le cadre des appels d'offres, ce sont les candidats qui proposent un prix d'achat en €/MWh.
Les lauréats sont choisis par le CRE en fonction de critères techniques et financiers, mais globalement, ce sont les projets les plus compétitifs (en termes de prix d’achat) qui sont retenus.
Les projets lauréats bénéficient alors d’un engagement d’EDF de racheter toute leur production électrique à leur prix d’achat proposé, et ce pendant 20 ans.
Enfin, l’évolution des tarifs n’a pas d’impact sur les contrats déjà signés : pas de rétroactivité.
1 - Tout d’abord, depuis 15 ans, les fournisseurs d’énergies renouvelables ont fait preuve d’une forte agilité dans un environnement mouvant : évolutions réglementaires constantes, volatilité des marchés de l’électricité, etc.
Ils ont su évoluer, s’industrialiser et parfois s’adosser à des fonds d’investissement qui leur permettent de bénéficier d’un soutien financier cohérent avec leur développement et leurs besoins.
2 - D’autre part, les énergies renouvelables sont déjà compétitives par rapport à toutes les autres énergies disponibles.
En effet, afin de comparer la compétitivité des énergies, il faut prendre le coût actualisé de l’énergie (le LCOE, « Levelized Cost Of Energy »), c’est-à-dire la somme des coûts actualisés de la production d’énergie (les CAPEX et les OPEX) divisée par la quantité totale d’énergie produite, cela pour une installation de production d’énergie donnée et pour toute la durée de vie de cette installation.
Ainsi, le LCOE des énergies renouvelables (solaire et éolien) est aujourd’hui meilleur que la plupart des LCOE des énergies conventionnelles (gaz, pétrole, charbon et nucléaire).
3 - Enfin, les porteurs de projets d’énergies renouvelables ont déjà une base installée de production qui est financée et bénéficient d’engagements d’achat de leur électricité à des prix définis et sur une très longue période.
Tous ces projets génèrent donc déjà des cash-flows libres, récurrents et prévisibles pour les porteurs de projets.
Ainsi, quelle que soit l’évolution du contexte économique ou politique, il n’y aura aucun impact sur ces projets déjà en opération et par conséquent sur la solidité financière des emprunteurs.
Si le contexte économique et/ou politique devait évoluer défavorablement pour le secteur, cela pourrait ralentir le rythme de développement des nouveaux projets. Le seul impact serait alors une moindre croissance des développeurs de projets.
Dans le pire des cas, où le contexte économique et/ou politique serait tellement défavorable qu’il ferait s’arrêter totalement le développement de tous les projets de toutes les sociétés du secteur, cela n’empêcherait pas ces sociétés de continuer à exploiter leur base installée de production et de vivre de ces revenus.
Energie renouvelable et autoconsommation : produire localement et en circuit court