Electrification des usages et décarbonation du mix énergétique : quel scénario pour la France en 2035 ?

Quelles stratégies la France, et plus largement l’Europe, met-elle en œuvre pour répondre à une demande d’énergie croissante dans une volonté de réindustrialisation nationale, d’indépendance énergétique et de planification écologique ? La transition énergétique pourra-t-elle se faire sans les énergies fossiles et sans le nucléaire ? 

On vous explique tout dans cet article.  

 

  1. C'est quoi l'électrification des usages ?
  2. Electrifier les usages : oui, à condition d’avoir un mix énergétique entièrement décarboné
  3. Décroissance des énergies fossiles + Croissance des énergies renouvelables = Transition énergétique réussie ? 
  4. Faut-il prioriser l’électrification de certains usages ?
  5. Sobriété : privilégier le low-tech quand c'est possible
  6. Intensifier l’usage des énergies renouvelables en France d’ici 2035 pour répondre aux nouveaux enjeux géopolitiques et climatiques
  7. Soutenir le développement des énergies renouvelables grâce au crowdfunding éco-responsable

 

 

C’est quoi l’électrification des usages ? 
 

L'électrification des usages désigne le processus par lequel l'électricité remplace d'autres formes d'énergie dans divers domaines de la vie quotidienne et industrielle. Cette tendance a joué un rôle crucial dans la transformation des sociétés modernes, influençant considérablement les modes de vie, les pratiques industrielles et les infrastructures. 

L'arrivée de l'électricité dans les maisons a facilité l'introduction d'appareils électroménagers comme les réfrigérateurs, les lave-linges et les aspirateurs, modifiant ainsi les routines domestiques et libérant du temps pour les loisirs et d'autres activités. 
 
Aujourd'hui, l'électrification continue d'évoluer, avec un accent croissant sur la durabilité et l'intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique. L'électrification des transports, notamment par le biais des véhicules électriques, et l'utilisation croissante de l'électricité dans le chauffage et le refroidissement des bâtiments sont des exemples de la manière dont ce processus continue de façonner notre monde. 

 

Electrifier les usages : oui, à condition d’avoir un mix énergétique entièrement décarboné  
 

L'impact positif de l'électrification sur l'environnement est intrinsèquement lié à la composition du mix énergétique de la région concernée. Un mix énergétique décarboné signifie que la production d'électricité repose principalement sur des sources d'énergie renouvelable, comme l'éolien, le solaire, l'hydraulique ou encore la géothermie.

Dans ce contexte, l'électrification permet de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre, principales responsables du réchauffement climatique. 

 

 

En France, par exemple, le mix énergétique est assez faible en carbone. Cela est dû à la présence du nucléaire (60 à 70% de la production d’électricité) qui est une énergie de transition difficilement contournable. Si l’uranium n’est pas une ressource renouvelable, il semble, à l’heure actuelle, être le seule en mesure de proposer une énergie décarbonée peu coûteuse en attendant d’être remplacé par les énergies renouvelables. 

D'après les scénarios de l’Agence Internationale de l’Energie, la part théorique totale du nucléaire dans le mix énergétique mondiale sera très inférieure à celles des énergies renouvelables (moins de 10% en 2050 contre environ 80% pour les EnR).1 

 

 

 

 

Décroissance des énergies fossiles + Croissance des énergies renouvelables = Transition énergétique réussie ? 

La période actuelle que nous vivons est souvent qualifiée de « transition énergétique » mais, il serait plus juste de dire que nous vivons une phase d'accumulation des énergies. Certes, la période actuelle se caractérise par une augmentation significative de la capacité à produire des énergies renouvelables.2

Toutefois, la consommation mondiale de charbon et de pétrole n'a jamais été aussi élevée. En effet, le charbon et le gaz naturel est plus accessible est moins onéreux pour les pays « en voie de développement ». Cette dichotomie souligne un défi majeur dans la lutte contre le changement climatique et la transition vers une économie plus durable. La réduction des inégalités entre les pays est donc essentielle pour permettre d’amorcer une réelle transition à l’échelle globale. 

 

 

Dans ce contexte, il est pertinent de se référer au scénario Génération Frugale proposé par l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME). Ce scénario préconise une réduction de moitié de la demande globale d'énergie d'ici 2050. Cette proposition est radicalement différente des prévisions de l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE), qui estime, dans un scénario où les politiques énergétiques actuelles restent inchangées, une augmentation de la demande mondiale de 25 à 30 %.3 

 

Cette situation met en exergue la complexité de la transition énergétique. Il ne s'agit pas seulement d'augmenter la production d'énergies renouvelables, mais aussi de transformer radicalement nos modes de consommation en allant vers plus de sobriété.   

 

 

Faut-il prioriser l’électrification de certains usages ?  
 

Tout d'abord, il est important de prioriser les secteurs qui ont le plus grand impact sur les émissions de gaz à effet de serre. Par conséquent, l'électrification des transports, y compris les voitures, les camions et les transports en commun, ainsi que l'industrie lourde, devrait être une priorité. Cela peut être réalisé en remplaçant les moteurs à combustion par des moteurs électriques, en utilisant des sources d'énergie renouvelable pour la production d'électricité, et en améliorant l'efficacité énergétique dans ces secteurs.

Deuxièmement, il convient de prioriser les usages où l'électrification est techniquement réalisable et économiquement viable. Par exemple, l'électrification des véhicules personnels est déjà largement adoptée, grâce à des avancées technologiques telles que les batteries lithium-ion. En revanche, certains usages industriels peuvent nécessiter des investissements importants en recherche et développement pour être électrifiés de manière rentable.

Troisièmement, il est crucial de prendre en compte l'impact environnemental global de l'électrification. Cela signifie évaluer non seulement les émissions directes de CO2, mais aussi les émissions associées à la production et à la gestion des infrastructures électriques, ainsi que l'impact sur les ressources naturelles. Par exemple, la production de batteries peut entraîner des émissions de gaz à effet de serre importantes, en fonction de la source des matériaux utilisés.

Enfin, il est nécessaire de considérer l'acceptation sociale et les besoins des populations locales. La transition vers l'électrification doit être menée de manière inclusive, en tenant compte des besoins et des préoccupations des communautés touchées. Cela nécessite une communication efficace et des politiques publiques qui encouragent la participation et la collaboration.

 

Sobriété : privilégier le low-tech quand c'est possible

Autre question cruciale : est-il nécessaire d'électrifier lorsque des solutions très peu coûteuses en énergies sont envisageables ? La montée en puissance des technologies dites low-tech, ou technologies à faible impact technologique, représente ainsi une alternative de plus en plus pertinente face à la croissance incessante de la consommation énergétique globale.

 

Le low-tech, parfois, c'est tout simplement revenir aux bonnes vieilles technologies.

 

L'attrait principal des low-tech réside dans leur simplicité, leur efficacité et leur sobriété, comparativement aux solutions high-techs qui tendent à être très gourmandes en ressources et en énergie. En adoptant des technologies moins complexes, on vise non seulement à diminuer la consommation d'électricité, mais aussi à réduire la dépendance aux ressources non renouvelables et à minimiser les déchets et la pollution. 

Dans le secteur de l'habitat, par exemple, les solutions low-tech peuvent jouer un rôle clé. L'utilisation de matériaux naturels et locaux pour la construction, la mise en œuvre de systèmes de chauffage plus traditionnels tels que les poêles à bois, ou l'optimisation de l'isolation pour réduire le besoin en chauffage et en climatisation, sont des exemples concrets. 

Dans le domaine de l'agriculture, les méthodes low-tech telles que l'agroécologie et la permaculture gagnent également du terrain. Elles impliquent l'utilisation rationnelle des ressources naturelles, la minimisation des intrants chimiques et énergétiques, et l'optimisation des cycles naturels. Ces pratiques contribuent à la fois à la réduction de la consommation d'énergie et à la préservation de la biodiversité. 

En matière de gestion de l'eau, les systèmes low-tech offrent des alternatives efficaces pour le traitement et la purification de l'eau. Des méthodes telles que les zones humides artificielles ou les systèmes de filtration naturelle utilisent des processus biologiques et physiques simples, réduisant ainsi la dépendance à des infrastructures énergivores. 

Les exemples sont nombreux et illustrent bien l’idée selon laquelle il est indispensable de penser électrification utile et non futile (adieu les gadgets uniques…).   

 

 

Intensifier l’usage des énergies renouvelables en France d’ici 2035 pour répondre aux nouveaux enjeux géopolitiques et climatiques 4 

Selon une étude de 2023 menée par la RTE, la période 2025-2035 se révèle être un tournant stratégique, prolongeant et approfondissant les analyses préalablement établies par RTE dans leur publication "Futurs énergétiques 2050".

Cette décennie est envisagée comme la phase initiale d'une ambitieuse mutation vers la neutralité carbone par l’électrification des usages. Un objectif qui s'inscrit dans la droite ligne des directives de l'Union européenne et des conclusions alarmantes du GIEC. 

 

 

La stratégie française pour l'énergie et le climat (SFEC) met l'accent sur l'urgence climatique et sur l'ambition accrue de l'UE pour 2030, conformément au paquet Fit for 55.  

Fit for 55 est une initiative de l'Union européenne, lancée dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d'ici 2030, par rapport aux niveaux de 1990.5 Cette initiative s'inscrit dans le cadre du Pacte vert européen (European Green Deal), qui vise à rendre l'économie de l'UE durable. 

Elle comprend une série de propositions législatives et politiques qui touchent divers secteurs de l'économie européenne, notamment les transports, l'industrie, la construction, et le secteur de l'énergie. Les mesures clés comprennent : 
 
 

  • Révision du système d'échange de quotas d'émission (ETS) : Extension du marché du carbone à de nouveaux secteurs et réduction du nombre total de quotas d'émission disponibles. 
     
  • Effort accru en matière d'énergies renouvelables : Augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique global de l'UE pour atteindre l'objectif de 55% en 2030. 
     
  • Amélioration de l'efficacité énergétique : Renforcement des objectifs en matière d'efficacité énergétique pour réduire la consommation globale d'énergie. 
     
  • Réglementation sur l'utilisation des terres, le changement d'affectation des terres et la foresterie (LULUCF) : Encouragement de l'utilisation durable des terres pour absorber et stocker plus de carbone. 
     
  • Normes en matière d'émissions pour les voitures et les camionnettes : Renforcement des normes d'émissions de CO2 pour les véhicules neufs pour encourager l'adoption de véhicules électriques et à faibles émissions. 
     
  • Taxation de l'énergie : Révision de la directive sur la taxation de l'énergie pour aligner la taxation des produits énergétiques sur les objectifs de l'UE en matière de climat. 
     
  • Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM) : Introduction d'une taxe carbone sur certaines importations provenant de pays ayant des normes environnementales moins strictes. 

 

 

Pour aller plus loin : Perspectives et développement des énergies renouvelables en 2024 

 

Au cœur de cette stratégie, la France ambitionne de renforcer sa souveraineté énergétique, notamment en réindustrialisant le territoire et en relocalisant une partie significative de sa production industrielle. Cette dynamique s'accompagne d'un développement des compétences et des infrastructures dédiées à la transition énergétique. 

Par ailleurs, la guerre russo-ukrainienne a radicalement modifié le paysage énergétique européen, particulièrement en ce qui concerne les approvisionnements en gaz.

Cette nouvelle donne exige une adaptation stratégique, comme en témoigne la révision du Bilan prévisionnel qui modélise désormais le fonctionnement du système électrique à l'échelle européenne, en tenant compte de ces bouleversements. 
 

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Dans un contexte international marqué par une compétition accrue pour la maîtrise des technologies clés et des approvisionnements en énergie, la France, tout comme les États-Unis et la Chine, s'oriente vers une politique économique marquée par un protectionnisme croissant.

 

Cette tendance influence directement les perspectives de réindustrialisation et souligne la nécessité de maintenir un mix énergétique compétitif pour y répondre, tant sur le plan économique que climatique. 

 

La transition vers la neutralité carbone ne se limite donc pas à un enjeu technique ou économique, c'est également un défi sociétal majeur. Cette transition implique des changements profonds dans la vie quotidienne des Français, des choix socioculturels aux infrastructures en passant par l'aménagement du territoire.  
 
 

Pour aller plus loin : Les énergies renouvelables : une alternative sérieuse pour l'indépendance de l'UE dans un contexte géopolitique incertain 

 
 
Les transports collectifs, la rationalisation de l'espace habité, l'adoption d'équipements économes en carbone par les ménages, tels que les pompes à chaleur ou les voitures électriques, sont autant de pistes envisagées. Ces transformations ne peuvent être réalisées qu'avec le soutien et l'engagement des entreprises, de l'État et des collectivités territoriales. 

La consultation publique récente indique une nette augmentation des ambitions d'électrification. En effet, la consommation électrique pourrait atteindre entre 580 et 640 TWh en 2035 (contre 452,8 TWh TWh en 2022). 6  

 

 

La France bénéficie déjà d'une solide fondation en matière de production d'électricité bas-carbone, principalement grâce à son secteur nucléaire développé, et dispose également de ressources suffisantes pour accroître de manière significative son potentiel de production d'électricité issue de sources renouvelables.  

Pour y parvenir, il est essentiel d'accélérer le déploiement des énergies renouvelables, notamment l'éolien terrestre et le solaire jusqu'en 2030, puis l'éolien en mer jusqu'en 2035. Au-delà de 2035, le renouvellement du parc nucléaire par des EPR 2 pourrait contribuer à cette croissance de la production d'électricité bas-carbone (tout en prenant de moins en moins de place dans le mix énergétique global au profit des EnR). 

 

Soutenir le développement des énergies renouvelables

 

Concernant les énergies renouvelables, il est désormais impératif d'atteindre un minimum de 250 TWh de production annuelle d'ici 2035, un doublement par rapport aux niveaux actuels. Les acteurs industriels, dans le cadre de la concertation publique, ont même évoqué la possibilité d'atteindre environ 300 TWh par an à cet horizon.  

 

 

Les décisions prises aujourd'hui auront un impact à long terme. Elles engagent la France sur une trajectoire ambitieuse, alignée avec les objectifs européens, et dessinent un avenir où l'énergie bas-carbone et la souveraineté énergétique deviennent les piliers d'une société plus durable et résiliente. 

 

Soutenir le développement des énergies renouvelables grâce au crowdfunding éco-responsable 

 

 

Le crowdfunding est devenu un outil de plus en plus populaire et efficace pour soutenir des projets variés, y compris dans le domaine des énergies renouvelables. Cette approche permet aux individus de contribuer directement au développement de technologies et de projets respectueux de l'environnement sans passer par les banques 

Le financement participatif éco-responsable permet de mobiliser des capitaux pour des projets ayant un impact positif sur l’environnement.   

Chez Lumo, par exemple, nous proposons des campagnes de crowdfunding permettant de flécher votre épargne vers des projets utiles à la transition écologique. Depuis 11 ans, nous offrons des rendements annuels allant de 6 à 9%, avec un taux de défaut de 0% (c’est-à-dire que, jusqu’à présent, tous nos investisseurs ont perçu leurs intérêts et récupéré leur somme de départ).  

Bien entendu, les performances passées ne préjugent pas des performances futures et tous les investissements présentent un risque de perte en capital partiel ou total et un manque de liquidité pendant la durée du placement. 

 

Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez nos articles thématiques :  

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