10 idées reçues sur le biogaz

Le biogaz, une source d'énergie renouvelable produite à partir de la décomposition de matières organiques, est de plus en plus reconnu comme un élément clé de la transition énergétique. Cependant, malgré ses avantages écologiques et économiques, de nombreuses idées reçues persistent à son sujet. 

Dans cet article, nous examinerons dix de ces préjugés et les confronterons avec des arguments basés sur des faits.

  1. Le biogaz pollue
  2. Les centrales au biogaz émettent des fuites dans l'atmosphère
  3. Le biogaz pollue les sols et les nappes phréatiques
  4. La biomasse produite fait de la concurrence aux exploitations alimentaires
  5. Le transport de la biomasse est polluant
  6. Produire du biogaz coûte cher
  7. Le biométhane ça sent mauvais
  8. Le biogaz ne pourra jamais couvrir tous nos besoins
  9. Les centrales au biogaz c'est moche
  10. Je ne peux pas aider à développer la filière du biogaz grâce à mon épargne

 

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Idée reçue 1 : Le biogaz pollue

Faux

Le méthane est 28x plus contributeur au réchauffement climatique que le CO2 1.   Qu’est-ce que cela signifie ? Que le méthane capté pour être utilisé dans les centrales et produire de l’énergie, c’est du méthane qui n’est plus rejeté dans l’atmosphère (et qui l’aurait été le cas échéant). 

De plus, l’étude GRDF publiée en 2017 et réalisée par les cabinets Quantis et ENEA, évalue le contenu carbone du biométhane produit en France et injecté dans les réseaux gaziers comme étant dix fois inférieur à celui du gaz naturel 2.  


Les déchets non collectés et laissés à l’air libre peuvent se répandre dans les rivières ou dans les nappes phréatiques en cas de fortes précipitations. En les collectant, cela est justement évité. En dirigeant la totalité des produits fermentés cibles comme le fumier dans une centrale au biogaz, c’est quasiment 100% de cette pollution existante transformée en énergie que l’on injecte dans les réseaux.

 

Idée reçue 2 : Les centrales au biogaz émettent des fuites dans l’atmosphère 

Faux

Il y a souvent amalgame entre les fuites de méthane de l’industrie gazière basée sur le gaz fossile et le méthane qui justement est capté par l’industrie du biogaz. Le gaz naturel, dans toute sa chaîne d’extraction, de transformation et de transport connait des pertes qui sont effectivement rejetées dans l’atmosphère.  

L’industrie du biogaz, au contraire, capte le méthane préexistant et le transforme en énergie renouvelable ou en carburant. Si les fuites peuvent exister, elles sont aujourd’hui très résiduelles. Des recherches de fuite, des thermographies et des contrôles d’émissions sont fréquemment effectuées sur les installations.  

 

Dans notre secteur, les émissions de méthane sont finalement très résiduelles et sont de l’ordre du dixième de pourcent. Sans l’existence des méthaniseurs finalement, les déchets laissés à l’air libre seraient bien plus nocifs. Nous n’avons aucun intérêt à ce que la moindre particule de méthane nous échappe puisqu’il s’agirait pour nous d’une perte de production et donc de chiffre d’affaires.

Frédéric Flipo, DG de Evergaz

 

 

Idée reçue 3 : Le Biogaz pollue les sols et les nappes phréatiques

Faux

La durée de vie moyenne d’une centrale est de 35 ans. Elle peut être prolongée via des opérations de maintenance. 

Si un site de méthanisation devait s’arrêter parce qu’il est obsolète, la plupart des infrastructures pourraient être revalorisées. Les stockages peuvent servir à d’autres matières agricoles, les cuves étanches et isolées permettent de stocker de l’eau et, en dernier recours, ces dernières sont détruites et le lieu rendu à son usage initial.




Par ailleurs, les sites restent connectés au réseau de gaz, au réseau électrique et sont donc viabilisés. On peut facilement imaginer un nouvel usage industriel ou tertiaire par la suite.

Aucune dépollution n’est nécessaire après usage car en traitant uniquement des déchets organiques dans des conteneurs totalement hermétiques, les sols, les cours d’eau et les nappes phréatiques sont préservées.



N’oublions pas non plus que le digestat produit lors du processus de méthanisation est une substance riche en éléments nutritifs pouvant apporter de nombreux bénéfices aux sols agricoles.



Idée reçue 4 : La biomasse que l’on produit fait de la concurrence aux exploitations alimentaires

Partiellement Faux

En France, selon l'Article D. 543-292 du code de l'environnement, « les installations de méthanisation de déchets non dangereux ou de matières végétales brutes peuvent être approvisionnées par des cultures alimentaires ou énergétiques, cultivées à titre de culture principale, dans une proportion maximale de 15 % du tonnage brut total des intrants par année civile »

Cette disposition assure ainsi le développement de la production du biogaz tout en limitant le risque de concurrence avec l’alimentation.

L'ADEME préconise de mobiliser en priorité les déchets organiques et les effluents d'élevage. La biomasse agricole cultivée sur les sols nus (CIVE = Cultures Intermédiaires à Vocation Energétique), ainsi que les résidus de culture, peuvent être un complément utile pour équilibrer les rations des méthaniseurs et contribuer aux objectifs énergétiques, mais en respectant les conditions agro-environnementales de production. 

Dans la succession classique de cultures sur une même parcelle agricole, le sol peut rester nu entre deux cultures pendant plusieurs mois. Dans les bonnes pratiques agronomiques, il est recommandé d'assurer un couvert végétal du sol pour protéger de l'érosion, réduire les fuites de nitrates résiduels, prévenir la pollution de l'eau et limiter les adventices dans la cuture suivante, tout en contribuant au maintien de la biodiversité.

Les CIVE permettent ainsi : la couverture des sols, la production d'une biomasse méthanogène et le maintien d'une matière organique dans les sols grâce à la biomasse racinaire. Les CIVE intercalés entre deux cultures, ont également l'avantage de ne pas être concurrentes avec les cultures alimentaires. Elles sont intéressantes à condition, bien entendu, qu'elles n'exercent pas une pression supplémentaire sur l'environnement, les ressources et les écosystèmes. 

Afin d'éviter les abus, un projet de décret est actuellement étudié par le gouvernement. Pour clarifier la définition de cultures intermédiaires, le projet de décret énonce cinq conditions. Si une culture remplit au moins l’une d’entre elles, alors elle sera automatiquement considérée comme culture principale :

  • Unique culture récoltée sur une parcelle au cours d’une année civile ;
  • Culture déclarée comme culture principale dans une demande d’aide relevant d’un régime de soutien relevant de la politique agricole commune ;
  • Culture récoltée sur une parcelle pour laquelle aucune demande d’aide relevant d’un régime de soutien relevant de la politique agricole commune n’a été faite pour l’année de récolte ;
  • Culture présente sur la parcelle au 1er juin, ou, le cas échéant, à une autre date comprise entre le 1er juin et le 15 juin, définie par le représentant de l’État dans le département, au regard des spécificités climatiques et des pratiques culturales ;
  • Culture pérenne mentionnée à l’article R. 411-9-11-1 du code rural et de la pêche maritime ou culture cultivée sur une parcelle sur laquelle une culture pérenne est implantée.

Pour en savoir plus : Méthanisation : Un décret en consultation sur les cultures énergétiques et Cive


Idée reçue 5 : Le transport de la biomasse est polluant 

Vrai, comme tous les transports

Le transport de la biomasse génère en effet du CO2 cependant, c’est également le cas pour le gazole ou le charbon qui contribuent beaucoup plus au réchauffement climatique par leur extraction et leur usage. 

De plus, l’industrie du biogaz commence progressivement à faire rouler ses camions au BioGNV (produit à partir de biométhane) et essaie de travailler au maximum avec des producteurs locaux avec de la biomasse produite à moins de 40km du lieu d’usage (c’est le cas de notre partenaire Evergaz par exemple).

 


Idée reçue 6 : Produire du biogaz coûte cher

Pas vraiment
 
Contrairement aux éoliennes et au soleil qui disposent d’une source d’énergie gratuite (vent et soleil), les centrales au biogaz nécessitent des intrants (matière organique) permettant d’alimenter les digesteurs qui produiront le biogaz.

L’ADEME estime qu’il faut 7700€ en moyenne pour construire une capacité de 1 Kilowatt avec l’énergie de la biomasse. En comparaison, l’éolien coûterait 1300€. La différence peut sembler énorme, pourtant, la stabilité et le facteur de charge élevé du biogaz permettent de compenser ce coût d’investissement initial 4.  

Le facteur de charge est calculé en divisant la production réelle d'énergie sur une période par la capacité maximale théorique de production de l'installation pendant cette même période. Un facteur de charge élevé indique que l'installation produit de l'énergie de manière constante. À l'inverse, un facteur de charge faible suggère que l'installation ne fonctionne que de manière sporadique ou à moins que sa capacité totale, ce qui peut résulter de divers facteurs tels que des conditions météorologiques.


En effet, le biogaz ne connaissant qu’une très faible intermittence, il est capable de produire, en moyenne, à 90% du temps. L’éolien lui, dépendant des vents, est capable de produire, en moyenne, à 21% du temps. 

Cela signifie qu’avec 1000 euros investis dans le solaire on finance 1420 kWh/an soit 63% des consommations annuelles d’électricité d’un.e français.e. 

Avec 1000 euros investis dans le biogaz, on finance 1250 kWh / ans soit 56% des consommations annuelles d’électricité d’un.e français.e.   

L'écart n'est donc pas si important !


Les producteurs de biométhane disposent également d'une obligation d'achat. Sous réserve de respecter des critères d'éligibilité et le bon fonctionnement des réseaux, ces producteurs bénéficient, de la part des fournisseurs de gaz, d'un tarif d'achat couvrant les coûts d'investissement et d'exploitation de leurs installations. 

Le surcoût résultant de la mise en œuvre de ces « tarifs d'achat », c'est-à-dire la différence entre la rémunération de référence et la valeur de marché de l'énergie produite, est compensé à ces fournisseurs. Il est pris en charge dans le budget général de l'État, dans le cadre de l'action de soutien à l'injection de biométhane dans le réseau de gaz naturel 5.


Le conflit russo-ukrainien a mis le biogaz sur le devant de la scène dans un souci de souveraineté énergétique, notamment vis-à-vis du gaz naturel russe (fossile). Il y a donc un enjeu de souveraineté en plus de l’enjeu environnemental. En Mai 2023, l'ADEME affirmait dans un rapport que, suite à l'invasion de l'Ukraine, le prix du gaz naturel avait très fortement augmenté, dépassant même parfois celui du Biogaz6.

Il est à noter que toutes les énergies renouvelables sont soutenues par le gouvernement, notamment par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), entre autres dispositifs. Dans une autre mesure, le nucléaire ou les énergies fossiles le sont également. 

Comme pour toutes les énergies renouvelables, les coûts vont diminuer à mesure que l’usage se développera. 


Idée reçue 7 : Le biométhane, ça sent mauvais

Faux

Le biométhane ne peut pas "sentir" puisqu’il est conçu en atmosphère anaérobie, c’est-à-dire sans air, dans des cuves hermétiques, donc, sans odeur.

La seule odeur possible provient des déchets organiques servant à produire le biométhane. C’est le cas, finalement, de n’importe quel tas d’engrais naturel restant à l’air libre. Par ailleurs, le digestat génère moins d'odeurs que l'épandage de fumier car les acides gras volatis sont détruits lors de la mise en anaérobie. 

Les producteurs de biogaz ont donc intérêt à couvrir les intrants dans des bâtiments spécifiques afin d'éviter ce problème.



Idée reçue 8 : Le biogaz ne pourra jamais couvrir tous nos besoins

Vrai

Et c’est d’ailleurs le cas pour toutes les énergies.

Il est impératif d'avoir un mix énergétique composé de plusieurs sources d'énergie (durables !) plutôt que de dépendre d'une seule source pour plusieurs raisons cruciales. Cette diversification des sources d'énergie joue un rôle fondamental dans la sécurité énergétique, la durabilité environnementale et la stabilité économique.

La filière biogaz estime tout de même que la production française de biométhane pourrait représenter 20% de la consommation française de gaz en 20307

 

Idée reçue 9 : Les centrales au biogaz c'est moche

La beauté c'est relatif

Qu'il s'agisse des éoliennes, des panneaux photovoltaïques, des barrages hydrauliques ou des centrales au biogaz, toutes ont déjà été critiquées pour leur aspect. Nous pouvons comprendre que les infrastructures de méthanisation ne vous semblent pas des plus "sexy" (même si ce n'est pas très sympa pour elles).

Mais ce gros truc non plus :

Oh la belle centrale à charbon !


Idée reçue 10 : Je ne peux pas aider à développer la filière du biogaz grâce à mon épargne

Faux

Le financement participatif peut aider à l'innovation dans le secteur du biogaz et ainsi améliorer ses performances tout en réduisant les risques, déjà limités, pour l'environnement. En permettant à un large public de financer des projets, il favorise l'émergence de nouvelles idées et technologies. Les petites entreprises innovantes trouvent ainsi plus facilement des fonds pour développer des solutions plus efficaces et moins coûteuses.


Soutenir le biogaz avec Lumo


Plutôt que de dépendre uniquement de grandes institutions financières ou de sociétés énergétiques, les projets liés à la biomasse peuvent mobiliser un grand nombre de petits investisseurs, ce qui favorise la démocratisation de l'investissement dans les énergies renouvelables. Cela permet à un plus grand nombre de citoyens de devenir acteurs du changement en participant à la transition énergétique.


(1) https://energy.ec.europa.eu/topics/oil-gas-and-coal/methane-emissions_en
(2) Evaluation des impacts GES de la production et l’injection du biométhane dans le réseau de gaz naturel, 9 mars 2020, Quantis
(3) https://www.lumo-france.com/blog/2023/07/11/circuits-courts-captation-de-la-pollution-revalorisation-des-dechets-energie-propre-et-non-intermittente-decouvrons-les-vertus-du-biogaz-avec-frederic-flipo-de-chez-evergaz
(4) https://www.innovation24.news/2022/12/05/methanisation-couts-et-charges-dune-unite/
(5) https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044516724

(6) La Méthanisation : Filière majeure de production de gaz renouvelable et locale, ADEME, Mai 2023(7) https://www.gazdaujourdhui.fr/france-gaz-appelle-a-inscrire-lobjectif-20-de-gaz-renouvelable-dans-la-ppe/

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