Évaluation des performances des projets hydrauliques et perspectives de développement en France

L'hydroélectricité joue un rôle crucial dans le paysage énergétique français. Avec ses nombreux cours d'eau et ses ressources hydrauliques abondantes, la France dispose d'un potentiel hydroélectrique déjà largement exploité.  

Actuellement, l'hydroélectricité représente une part significative de la production d'électricité du pays, contribuant à sa stabilité énergétique et à sa transition vers des sources d'énergie plus propres. Il s’agit en effet de la seconde source de production électrique derrière le nucléaire et de la première source d’électricité renouvelable en France (et aussi dans le monde).1 

Avec environ 25,7 GW installés en métropole et 20% de la puissance totale installée (toutes énergies confondues), le pays dispose de l’un des plus grands parcs hydroélectriques en Europe.2

L’hydraulique occupe une place historique dans le mix énergétique français. En 2021, elle représentait 62,5 TWh, soit 12 % de la production totale d’électricité, loin devant l’éolien et le photovoltaïque3. 79% des centrales hydrauliques sont situées dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie et Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur 4. 

 

 

L'hydroélectricité est considérée comme une source d'énergie facilement pilotable en raison de sa capacité à réguler rapidement la production en fonction de la demande. Par ailleurs, elle a été salutaire face aux pics de consommation fin 2022, alors que la production d’énergie nucléaire était au plus bas en raison d’une maintenance partielle du parc.5 

L'évaluation des performances d'un projet hydraulique revêt une importance capitale pour les parties prenantes impliquées dans la prise de décision d'investissement. Que ce soit pour les acteurs publics, les investisseurs privés ou les entreprises du secteur de l'énergie, comprendre les performances d'un projet hydraulique permet de mesurer sa rentabilité économique, son impact environnemental et sa durabilité à long terme.  

 

  1. Comment fonctionnent les centrales hydrauliques ? 
  2. Évaluation des performances d’un projet hydraulique  
  3. Impact environnemental des centrales hydro-électriques 
  4. Un avenir stable pour l'hydroélectricité en France  
  5. Sécheresses, réchauffement climatique et énergies hydrauliques 
  6. Exemple de projet hydro-électrique responsable financé chez Lumo 

 

Comment fonctionnent les centrales hydrauliques ? 

 


 

 

Commençons par poser les bases. Une centrale hydraulique est une installation utilisant l'énergie de l'eau pour produire de l'électricité. Son fonctionnement repose sur le principe de la conversion de l'énergie potentielle de l'eau en énergie mécanique, puis en énergie électrique.  

On peut comptabiliser cinq grandes familles d’infrastructures hydro-électriques :  

 

Les centrales au fil de l'eau ou de basse chute 

Elles sont situées sur des cours d'eau où le débit est fort, constant et régulier, avec généralement un faible dénivelé. On les trouve donc sur le cours des grands fleuves ou des grandes rivières. Pour qu’un barrage soit considéré comme étant de « basse chute », il faut que la hauteur de la chute de l’eau soit inférieure à 30m. 

Plus la hauteur de la chute est importante et plus le débit est élevé, plus la force transmise à la turbine le sera également, ce qui augmentera les capacités de production électriques de la centrale.  

Contrairement aux  centrales de haute chute, la centrale au fil de l’eau utilise principalement le débit du fleuve pour produire de l’électricité. Le débit de certains de ces barrages peut être très important, allant jusqu’à plusieurs centaines de m3/s d’eau.  

 

 

Les centrales d'éclusée ou de moyenne chute 

Principalement présentes en moyenne montagne et dans les régions de bas-relief, les centrales éclusées sont caractérisées par un débit et un dénivelé moyen avec une chute comprise entre 30 et 300 m de hauteur. Elles produisent généralement plus d’électricité en comparaison des centrales de haute chute, qui présentent certes une hauteur supérieure mais un débit d’eau inférieur.  

En revanche, leur capacité de stockage est plus faible. Les lacs artificiels des centrales de moyennes chutes peuvent se vider en seulement 24 heures alors que ceux de hautes chutes, peuvent tenir jusqu’à 200 jours.   

La production d’électricité des centrales de moyennes chutes peut donc être modulée à la journée ou à la semaine alors que celle des centrales de haute chute peut être saisonnière et répondre à de gros pics de consommation. 

 

Les centrales de lac ou de haute-chute 

Les centrales de lac ou centrales de haute chute, sont conçues pour tirer profit des forts dénivelés dont disposent les rivières de haute montagne. Ces dénivelés vont accentuer la vitesse de déplacement de l’eau et donc sa force, qui est exploitée pour créer de l’énergie. Ce type de centrale présente un dénivelé d’une hauteur minimum de 300 mètres. 

Elles reposent sur la construction d’un barrage hydraulique en hauteur, qui permet de récupérer et de stocker l’eau des pluies et de la fonte des neiges. L’eau retenue constitue un lac artificiel que l’on peut ouvrir ou fermer à la demande, au moyen de vannes situées dans le barrage, pour réguler la production d’électricité. Lorsque ces vannes sont ouvertes, l’eau est acheminée jusqu’à la centrale présente en contrebas, grâce à d’imposants tuyaux. 

 

Les PCH (Petites Centrales Hydrauliques) 

Les petites centrales hydrauliques (ou PCH) sont des installations de taille réduite qui produisent une puissance électrique relativement faible. Leur fonctionnement est similaire à celui d’une centrale au fil de l’eau mais elles sont composées d’un barrage permettant de créer un dénivelé artificiel.  

Environ 10% de l'énergie hydraulique française est fournie par plus de 2200 PCH  (inférieur à 10 MW).6 

 

Les stations de transfert d’énergie par pompage 

Les stations de transfert d'énergie par pompage, également appelées STEP, sont des installations similaires aux centrales hydrauliques, mais avec une caractéristique réversible. En plus de produire de l'électricité en utilisant le flux régulé d'un cours d'eau via un barrage et une turbine-alternateur, les STEP peuvent également pomper l'eau d'un bassin inférieur pour la ramener en amont du barrage à l'aide de pompes.  

Ce processus permet de remplir le bassin supérieur et d'optimiser le stockage de l'eau pour une utilisation ultérieure dans la production d'énergie.  

Cependant, l'activation des pompes nécessite de l'énergie, ce qui réduit la production nette d'électricité des STEP. Elles sont activées lorsque le prix de l'électricité est bas ou lorsque l'offre dépasse la demande, agissant ainsi comme des régulateurs pour éviter la perte de l'électricité produite. 

Bon à savoir : les centrales dont la puissance excède 4,5 MW relèvent de la propriété de l'État qui les confie à un opérateur en vue de leur exploitation dans le cadre d'une concession. 

Les installations dont la puissance est inférieure à 4,5 MW sont exploitées sous conditions d’autorisation. Elles appartiennent à un propriétaire privé, qui peut être un particulier ou une entreprise. Elles sont exploitées dans le but de vendre l'électricité produite ou de l'utiliser pour une consommation personnelle. 

 

 

Évaluation des performances d'un projet hydraulique 

L'évaluation des performances d'un projet hydraulique repose sur différents critères qui permettent d'évaluer sa viabilité et son potentiel de réussite.  

La capacité de production d'électricité d'un projet hydraulique est un critère clé. Il est essentiel de déterminer la quantité d'énergie pouvant être générée de manière fiable, ainsi que la rentabilité financière du projet, en prenant en compte les coûts d'investissement, d'exploitation et de maintenance. 

 

 

Comme évoqué ci-dessus, la capacité de production électrique d'une centrale dépend de plusieurs facteurs, tels que la hauteur de la chute d'eau, le débit d'eau disponible et le type de turbine utilisé. Les centrales hydrauliques peuvent varier considérablement en termes de taille et de capacité de production. 

 

Une petite centrale hydraulique a une capacité de production inférieure à 10 mégawatts (MW). Elle utilise généralement un débit d'eau modéré et une petite hauteur de chute. Les petites centrales hydrauliques peuvent être construites sur des rivières ou des canaux existants. Pour 10 MW de puissance hydraulique, on peut fournir de l’électricité à environ 8600 personnes par an en France selon les chiffres de la RTE.7 

Une centrale hydraulique de taille moyenne a une capacité de production allant de 10 MW à 100 MW. Elle utilise généralement des réservoirs ou des barrages pour stocker l'eau et créer une hauteur de chute plus élevée. Ces centrales peuvent fournir de l'électricité à des régions plus étendues. Pour 100MW de puissance hydraulique, il suffit de multiplier le chiffre ci-dessus par 10, ce qui nous donne une capacité d’approvisionnement électrique pour 86 000 personnes sur un an. 

Une grande centrale hydraulique a une capacité de production supérieure à 100 MW, voire plusieurs milliers de mégawatts. Ces centrales sont généralement construites sur de grands fleuves ou d’importantes réserves d’eau. Elles peuvent produire une quantité significative d'électricité et sont souvent utilisées pour alimenter de vastes régions. 

Sans surprises, la plus puissante centrale hydroélectrique du monde est située en Chine. Avec 22,5 GW installés, le barrage des Trois-Gorges surpasse de très loin ses petites sœurs. « Sa puissance équivaut à celle des 16 réacteurs des centrales nucléaires de Chooz, Civaux, Saint-Alban, Flamanville (hors EPR), Penly, Belleville, Golfech et Nogent réunis » 8. 

 

Si l'hydroélectricité est souvent considérée comme une source d'énergie renouvelable et respectueuse de l'environnement, l'évaluation des performances doit tenir compte de l'impact du projet sur les écosystèmes, la biodiversité, la qualité de l'eau et les émissions de gaz à effet de serre.  

 

Les aspects liés à la préservation de l'environnement et à la durabilité sont cruciaux pour garantir un développement responsable. Les infrastructures comme la plus grande centrale du monde citée précédemment ont vu, faute d’étude environnementale et de dispositifs favorables à la biodiversité, de nombreuses espèces endémiques disparaître des cours d’eaux où elles sont implantées.  

Les projets hydrauliques doivent donc être évalués en tenant compte de leur résilience face aux défis posés par les changements climatiques, tels que les périodes de sécheresse ou d'inondations plus fréquentes.  

Il est important de considérer la disponibilité des ressources en eau à long terme et d'anticiper les éventuelles variations qui pourraient affecter la performance du projet. 

 

Impact environnemental des centrales hydro-électriques 

L'hydroélectricité a des effets sur les écosystèmes fluviaux et la biodiversité. Les barrages peuvent altérer le cours des rivières, perturbant ainsi les habitats aquatiques et les migrations des poissons. Il est essentiel de mettre en œuvre des mesures pour minimiser ces impacts. 

 

  1. Évaluation environnementale approfondie : Avant de construire un barrage, réaliser une étude environnementale approfondie pour comprendre l'écosystème local, la faune et la flore présentes, ainsi que l'impact potentiel du projet. 
  2. Choix d'emplacement approprié : Sélectionner un emplacement pour le barrage qui minimise les perturbations pour les habitats naturels et les corridors de migration des espèces. 
  3. Passages pour la faune : Intégrer des passages pour la faune, tels que des échelles à poissons ou des tunnels pour les animaux, pour permettre leur migration et leur déplacement le long de la rivière. 
  4. Débits réservés : Assurer des débits réservés dans le cours d'eau en aval du barrage pour maintenir l'écoulement naturel de l'eau et préserver l'habitat aquatique. 
  5. Gestion de la sédimentation : Mettre en place des systèmes de gestion de la sédimentation pour éviter que les sédiments ne s'accumulent et ne perturbent les habitats en aval. 
  6. Suivi environnemental continu : Surveiller de manière continue l'impact du barrage sur l'environnement, la faune et la flore afin de pouvoir apporter des ajustements en cas de besoin. 
  7. Restauration de l'habitat : Investir dans la restauration des habitats dégradés en aval du barrage pour compenser les pertes écologiques. 
  8. Préservation des zones humides : Protéger les zones humides adjacentes au barrage qui sont souvent des habitats cruciaux pour la biodiversité. 
  9. Sensibilisation et éducation : Sensibiliser les communautés locales et les parties prenantes sur l'importance de la préservation de l'environnement et des mesures mises en place pour réduire l'impact du barrage. 
  10. Utilisation des technologies vertes : Encourager l'utilisation de technologies respectueuses de l'environnement, telles que des turbines à faible impact, pour produire de l'énergie hydroélectrique. 

 

 

En France, le développement de nouveaux projets hydroélectriques est soumis à des réglementations strictes. Cela vise à garantir la protection de l'environnement et la préservation des écosystèmes aquatiques. Les procédures administratives peuvent être longues et complexes, ce qui représente un réel défi pour les porteurs de projets. 

 

Si l’on se base sur les chiffres les plus récents de l’ADEME, en France continentale, l’électricité produite à partir de l’énergie hydraulique produit 0,006 kg éq. CO2/kWh quand une centrale à charbon produit 1.06kg éq. CO2/kWh soit 176x plus !9 Il est donc incontestable que l’énergie hydraulique, quand elle est utilisée de façon responsable et pragmatique, reste un précieux allié dans la transition énergétique. 

 

Toutefois, une étude publiée dans la revue Environmental Science Technology en 2019 mettait en lumière le fait que certains barrages situés sur le continent asiatique et africain émettaient d'importantes quantités de méthane au cours de leur durée de vie, surpassant parfois même les émissions de gaz à effet de serre des centrales à charbon.10 Cette émission de méthane se produit lorsque la végétation submergée se décompose au fond des réservoirs en l'absence d'oxygène.  

Ayant examinée 473 barrages dans 104 pays, l’étude révèle des émissions bien supérieures à ce que l'on pensait jusqu'à présent. Ces émissions ont été comparées à celles d'autres sources d'énergie à court et à long terme (sur 200 ans). 

Dans l'ensemble, les émissions médianes mondiales de l'hydroélectricité sont plus élevées que celles du nucléaire, de l'énergie solaire et éolienne, mais inférieures à celles du charbon et du gaz naturel.  

D'autres problèmes régulièrement associés aux grands barrages sont principalement liés à l'utilisation de béton. Au niveau mondial, la fabrication de béton représente 3 à 5%, selon les sources, des émissions de gaz à effet de serre.  

À court terme, dans le monde (selon une moyenne), la construction d'un nouveau barrage entraîne des émissions de gaz à effet de serre de 8 à 30 fois supérieures à celles de l'énergie solaire et éolienne par unité d'énergie produite, et représente 35 % à 40 % des émissions des centrales à charbon. Cependant, à long terme, cette proportion diminue à 10 % ou 15 %.11 

 

« L’énergie produite par les barrages hydroélectriques est non polluante, c’est un fait avéré, mais plusieurs questions surgissent notamment sur les répercussions de ces installations, tout d'abord sur la biodiversité. Les craintes apparaissent en effet dans les zones en amont et en aval des barrages, et elles sont nombreuses. Elles concernent la disparition d’espèces aquatiques, la dégradation des solssans oublier le manque d’eau, parce que celle-ci a été détournée ».12 

 

En général, plus le rapport entre la surface du réservoir et l'électricité produite est élevé, plus les émissions de CO2 et de méthane sont proportionnellement importantes. De même, les barrages situés dans des régions où les températures dépassent les 40 °C, comme en Inde, émettent davantage de gaz à effet de serre que les centrales à charbon. 

Cependant, les scientifiques ne suggèrent absolument pas d’abandonner l’énergie hydraulique, bien au contraire. Toujours selon la même étude, 40 % à 44 % des centrales hydro-électriques mondiales ont un impact climatique inférieur à 10 % de celui des centrales à charbon. Les centrales hydroélectriques en Europe de l'Ouest ont, quant à elles, un impact climatique quasiment nul contrairement à celles construites en Afrique de l'Ouest ou en Asie du Sud. 

 

Les scientifiques concluent en soulignant que l'hydroélectricité n'est pas systématiquement bénéfique pour le climat selon les régions où ses infrastructures sont implantées et qu'il est essentiel d'étudier plus précisément l'impact des barrages afin de réduire aux maximum les causes du réchauffement climatique. 

 

Les progrès technologiques offrent de nouvelles opportunités pour optimiser les infrastructures hydroélectriques existantes. Des améliorations sont envisageables dans les domaines de l'efficacité des turbines, de la gestion des débits d'eau et de la production d'énergie. L'utilisation de technologies plus avancées peut augmenter le rendement et la durabilité des installations hydroélectriques. 

L'hydroélectricité joue donc véritablement un rôle clé dans la transition énergétique vers une production d'énergie plus propre et plus durable à partir du moment qu’il prend en compte l’impact des installations, allant de leur construction à leur démantèlement.  

 

 

Un avenir stable pour l'hydroélectricité en France 

 

 

La France possède une importante capacité de production d'énergie hydroélectrique grâce à ses nombreux cours d'eau et lacs naturels. Selon les projections du secteur, l'objectif serait d'augmenter la puissance hydraulique installée de 25,7 GW à 27,1 GW d'ici 2033, principalement en construisant de nouvelles installations sur des sites inutilisés ou existants.  

 

Sur le sujet : L'eau, une valeur sûre pour les énergies renouvelables à condition qu'elle soit préservée

 

D'ici 2028, la France a déjà prévu une expansion de 5% de sa production hydroélectrique, ce qui représente une augmentation de 3 à 4 TWh.13 Si cela peut paraître peu, c’est justement parce que l’hydro-électricité est déjà bien développée en France contrairement au solaire et à l’éolien qui rattrapent leur retard avec une croissance beaucoup plus importante sur ces dernières années.  

La PPE de métropole continentale sur la période 2019-2028 a été adoptée définitivement le 21 mars 2020. Elle fixe notamment des objectifs quantitatifs et des orientations relatives à l’énergie hydroélectrique14 : 

  • Augmenter le parc de l’ordre de 200 MW d'ici 2023 et de 900 à 1 200 MW d'ici 2028, qui devrait permettre une production supplémentaire de l’ordre de 3 à 4 TWh dont environ 60 % par l'optimisation d'aménagements existants ; 
  • Optimiser la production et   la   flexibilité du   parc   hydroélectrique,notamment   au-travers   de suréquipements  et  de  l’installation  de  centrales  hydroélectriques  sur  des  barrages  existants  non-équipés ; 
  • Mettre en place un dispositif de soutien à la rénovation des centrales autorisées entre 1 MW et 4.5 MW ; 
  • Lancer l’octroi de nouvelles concessions sur quelques sites dont le potentiel aura été identifié ; 
  • Poursuivre les appels d’offres pour la petite hydroélectricité, à raison de 35 MW par an ; 
  • Engager, au cours de la première période de la PPE, les démarches permettant le développement des STEP pour un potentiel de 1,5 GW identifié en vue des mises en service des installations entre 2030 et 2035. 

 

L'investissement dans l'hydroélectricité en France et en Europe est souvent considéré comme sûr et rentable pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'hydroélectricité utilise la force de l'eau pour produire de l'électricité, ce qui en fait une ressource renouvelable et disponible en grande quantité. Les rivières et les barrages fournissent un approvisionnement stable en énergie, réduisant ainsi la dépendance aux combustibles fossiles et aux importations. 

En outre, les centrales hydroélectriques ont généralement une durée de vie opérationnelle prolongée (40 à 50 ans pour les unités hydroélectriques et jusqu’à 100 ans pour les barrages),15 ce qui signifie que les investissements peuvent générer des revenus sur une période étendue. Les coûts de fonctionnement des infrastructures hydroélectriques sont également relativement bas par rapport à d'autres sources d'énergie, car il n'est pas nécessaire de payer régulièrement pour des combustibles comme le charbon, le gaz ou le pétrole. 

Un autre avantage significatif de l'hydroélectricité est qu'elle est une source d'énergie propre. L'exploitation des centrales hydroélectriques ne produit pas de gaz à effet de serre ni d'émissions polluantes, ce qui en fait une solution respectueuse de l'environnement. De ce fait, l'hydroélectricité bénéficie d'un soutien politique accru dans le cadre des initiatives de transition énergétique en Europe. 

Les centrales hydroélectriques offrent également une flexibilité en termes de gestion de l'énergie. En périodes de faible demande, elles peuvent stocker de l'eau dans les réservoirs pour libérer davantage d'énergie lors des pics de demande, ce qui permet une meilleure gestion du réseau électrique. 

Dans de nombreux pays européens, y compris en France, l'hydroélectricité bénéficie de tarifs d'achat réglementés ou de subventions gouvernementales pour encourager le développement des énergies renouvelables. Cette stabilité réglementaire peut rendre l'investissement dans l'hydroélectricité plus sûr pour les investisseurs. 

 

Enfin, l'hydroélectricité peut être un moyen de diversifier le portefeuille d'investissement. Pour les investisseurs, inclure des actifs moins sensibles aux fluctuations des prix des combustibles fossiles et des marchés énergétiques peut être bénéfique. 

 

Le développement de l’hydraulique doit toutefois se faire en prenant en compte le réchauffement climatique et la raréfaction de l’eau afin de pouvoir assurer un usage cohérent répondant à la fois aux besoins de consommation et à l’urgence climatique et environnementale.   

 

 

Sécheresses, réchauffement climatique et énergies hydrauliques 

 

 

L’énergie hydraulique est fortement influencée par des facteurs tels que la reconstitution du manteau neigeux dans les montagnes, la fonte des glaces et le niveau des cours d'eau. Les périodes de sécheresse ou l'absence de neige peuvent donc entraîner une diminution du remplissage des barrages.16 

Les installations hydrauliques sensibles aux variations de précipitations et donc directement impactées par les épisodes de sécheresse comprennent les équipements au fil de l'eau, qui sont généralement situés dans des rivières ou des fleuves, ainsi que les écluses.

On trouve également les centrales de lac et les stations de transfert d'énergie par pompage, qui nécessitent souvent de grands barrages pour stocker l'eau et la redistribuer rapidement en période de forte demande électrique. 

 

Le réchauffement climatique risque de compromettre en partie l'utilisation de l'hydroélectricité en raison de la diminution du débit des fleuves causée par le manque d'eau et la fonte des neiges moins abondante en montagne, car celle-ci contribue largement au débit des cours d'eau. 

 

On estime que ce réchauffement pourrait entraîner une réduction d'environ 20% du débit des grands fleuves au cours des prochaines décennies, bien que les impacts varient d'une région à l'autre.

Par exemple, le débit du Rhône aurait diminué de 6% à 7% au cours des cinquante dernières années, avec une diminution plus marquée à mesure que le fleuve s'approche de son embouchure.17 

Selon le Réseau de transport d'électricité (RTE), la production hydroélectrique a connu une baisse de 35% en juillet 2022 par rapport à juillet 2021. 

De plus, la concurrence entre les besoins énergétiques et les besoins agricoles risque de s'intensifier en cas de rareté de l'eau. Les cours d'eau sont également utilisés pour refroidir les centrales nucléaires, ce qui explique pourquoi les nouvelles centrales seront plutôt construites en bord de mer. Parfois, les barrages doivent libérer de l'eau pour l'irrigation, notamment en été. Cependant, cette eau libérée n'est plus disponible en hiver, ce qui réduit la production d'électricité hydroélectrique. 

 

La préservation de l'eau, la réduction de notre consommation et l'adoption d'un usage plus responsable sont des impératifs vitaux et urgents. L'eau est une ressource précieuse et limitée, essentielle à la survie de tous les êtres vivants et à la préservation des écosystèmes.  

 

Cependant, nous sommes confrontés à des défis croissants tels que la croissance démographique, l'urbanisation rapide et les pressions exercées par le changement climatique, qui mettent en péril l'approvisionnement en eau potable et abordable pour tous. 

Dans le domaine de l'énergie, des améliorations significatives sont nécessaires, notamment dans le secteur de l'hydroélectricité. Cette source d'énergie renouvelable présente un fort potentiel pour répondre à nos besoins énergétiques tout en préservant l'eau.

Pour garantir l'accès à une eau potable et abordable pour tous, il est crucial d'investir dans des technologies et des pratiques innovantes pour améliorer l'efficacité des centrales hydroélectriques et minimiser les impacts environnementaux. 

De plus, il est essentiel de promouvoir une approche intégrée de la gestion de l'eau et de l'énergie, en favorisant la coopération entre les secteurs de l'eau et de l'électricité. Cela implique d'adopter des politiques et des réglementations favorables, de mettre en œuvre des systèmes de tarification appropriés pour encourager une consommation responsable de l'eau et d'établir des partenariats entre les acteurs publics, privés et communautaires pour promouvoir des solutions durables. 

En parallèle, il est crucial d'investir dans des solutions d'énergie propre et renouvelable, telles que l'énergie solaire et éolienne, pour réduire notre dépendance aux sources d'énergie plus polluantes et intensives en eau.

En diversifiant notre mix énergétique et en promouvant l'efficacité énergétique, nous pouvons réduire la pression sur les ressources en eau tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique. 

 

Investir dans les énergies renouvelables avec Lumo

 

Exemple de projet hydro-électrique responsable financé chez Lumo 

Pour illustrer l'évaluation des performances des projets hydrauliques en France, prenons l'exemple du projet Eaux du Merlet soutenu financièrement par nos chers lumonautes.  

Ce projet est situé au sein du massif alpin de Belledonne, et plus précisément dans le vallon et sur le torrent du Merlet, sur la commune de Saint-Alban-des- Villards, dans le département de la Savoie (73130). 

La microcentrale est constituée d’un bâtiment de 150 m2, d’architecture locale et entièrement insonorisé, en amont du pont du Merlet à 1 063 m d’altitude. 

La ressource hydraulique de ce projet est soutenue et bien maitrisée. Un projet jumeau en fonctionnement depuis 2012 est implanté sur la combe voisine du Bâcheux. Il est exploité par les équipes Hydrocop du secteur et dispose d'un productible bien connu.  

La production annuelle attendue est en moyenne de 11,4 GWh d’hydroélectricité sans émission de CO2. Cela représente la consommation d’électricité de 9 700 habitants. Le projet permet d'éviter l'émission de 5 700 tonnes de CO2, ce qui participe à l’atteinte des objectifs fixés par la France en termes de développement des énergies renouvelables et surtout au Plan Climat Energie. 

Les études environnementales réalisées en amont notent l'absence d'espèces faune ou flore protégées ainsi qu'une population piscicole faible.   

Il s'agit d'une centrale au fil de l’eau sans création de retenue de stockage, avec une conduite enterrée qui emprunte sur la quasi-totalité de son linéaire des pistes existantes.  

Aussi, le cours de la rivière n'est pas perturbé : chaque goutte d'eau prélevée est restituée. Par ailleurs, si le débit de la rivière venait à être trop bas, il est prévu que la centrale arrête de fonctionner. 

Des mesures en faveur de l’environnement sont prises. Il s'agit par exemple d'effectuer un suivi écologique des travaux (mission confiée à un bureau d’étude externe), de gérer des eaux de ruissellement, ou encore d'effectuer des mesures de préservation de la qualité des eaux.   

Les usagers de cet environnement sont également pris en considération avec : l'accompagnement de l’alpagiste pour faciliter l’accès au vallon, la programmation d'actions ponctuelles pour l'entretien des berges et de l'accès au cours d'eau, la préservation du réseau d'alimentation des fontaines communales, ou encore la mise en place d'une signalisation du chantier et d'informations pour les randonneurs avec un tracé alternatif de balade.  

 


Sources :1 https://mc-cd8320d4-36a1-40ac-83cc-3389-cdn-endpoint.azureedge.net//media/Files/IRENA/Agency/Publication/2023/Mar/IRENA_RE_Capacity_Statistics_2023.pdf?rev=b357baf054584e589c8ab635140d0596&hash=958B39F0DE4D3E5139919135778C6997
2 https://www.ecologie.gouv.fr/hydroelectricite3 https://www.edf.fr/groupe-edf/espaces-dedies/l-energie-de-a-a-z/tout-sur-l-energie/produire-de-l-electricite/l-hydraulique-en-chiffres4 https://www.ovoenergy.fr/en-lumiere/differents-types-et-usages-energie-hydraulique5 https://www.vie-publique.fr/en-bref/288284-bilan-electrique-2022-la-production-electricite-son-plus-bas-niveau6 https://www.edf.fr/groupe-edf/espaces-dedies/l-energie-de-a-a-z/tout-sur-l-energie/produire-de-l-electricite/les-differents-types-de-centrales-hydrauliques7 D’après les données RTE sur la consommation moyenne d’une personne en France et en incluant le facteur de charge de 22% de l’énergie hydraulique8 https://www.revolution-energetique.com/les-3-centrales-hydroelectriques-les-plus-puissantes-du-monde/ 9 https://base-empreinte.ademe.fr/donnees/jeu-donnees10 https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acs.est.9b0508311 https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acs.est.9b05083

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